Qu’est-ce que la sécheresse oculaire ?
Pouvant se manifester comme une simple gêne oculaire passagère, les symptômes de la sécheresse oculaires sont multiples et peuvent aller jusqu’à engendrer une maladie oculaire handicapante. Il est important de les identifier afin de pouvoir déterminer leurs causes et ainsi bénéficier du traitement approprié.
A quoi servent les larmes ?
Produit en permanence par les glandes lacrymales et uniformément étalé à la surface antérieure de l’œil par les paupières lors des clignements, le film lacrymal joue un rôle d’hydratation et de protection pour la cornée. Celui-ci est constitué de trois couches superposées les unes aux autres :
- La couche lipidique
Sécrétés par les glandes de meibomius situées sur la surface interne des paupières, la couche lipidique représente la couche superficielle du film de larmes. Cette couche a pour rôle de lubrifier la cornée ainsi que d’éviter l’évaporation naturelle de la couche aqueuse sous-jacente. Elle constitue une barrière contre les agressions extérieures.
- La couche aqueuse
Constitué principalement d’eau, cette couche est la plus importante en termes de quantité. Elle contient les différents nutriments nécessaires à l’oxygénation de la cornée et permet l’humidification de l’œil. Cette phase est sécrétée par les glandes lacrymales.
- La couche mucinique
Cette couche fine de mucus légèrement visqueux est constituée de protéines permettant l’adhésion du film de larme à la cornée. Elle est produite par les cellules à mucus de la conjonctive.
Une altération d’une de ces trois phases en termes de quantité et/ou de qualité engendre alors une instabilité du film lacrymal pouvant mener à une sécheresse oculaire.
La sécheresse oculaire en quelques mots
Lorsque la quantité et/ou la qualité du film de larmes est insuffisante, ceci provoque un inconfort visuel pouvant entrainer des irritations de la cornée ainsi que des infections oculaires. Il s’agit là du syndrome d’œil sec.
Cette sécheresse oculaire peut être de trois types :
- La sécheresse Évaporative
Cette forme est également appelée dysfonctionnement des Glandes de Meibomius ou DGM. Dans ce cas, la couche lipidique est insuffisante ou de mauvaise qualité à cause d’un dysfonctionnement meibomien. Les lipides étant altérés, les larmes s’évaporent trop vite. Ce type de sécheresse représente plus de 80% des cas de sécheresse oculaire1.
- La sécheresse aqueuse
Dans ce cas-là, il y a un déficit de la couche aqueuse avec une production insuffisante de larmes créant ainsi un assèchement de la cornée.
- La sécheresse mixte
Il s’agit d’une sécheresse évaporative cumulée à une déficience aqueuse.
Concrètement, ces types de sécheresse se traduisent par une modification de la composition des larmes créant ainsi un déséquilibre des différentes couches. Celui-ci peut être de cause variée et peut aller jusqu’à entrainer une inflammation de la surface oculaire ainsi que des paupières.
Les causes de la sécheresse oculaire
Auparavant principalement rencontrée chez les personnes âgées, la sécheresse oculaire affecte dorénavant toutes les classes d’âge. Ceci est en parti dû aux différents changements de notre style de vie. Divers éléments viennent favoriser son apparition.
- De nos jours, notre environnement intérieur est de plus en plus souvent climatisé lors des mois d’été et surchauffé en période hivernale. Ceci entraine un assèchement de notre environnement quotidien avec des courants d’air fréquents pouvant ainsi détériorer notre film de larmes.
- Depuis l’apparition des nouvelles technologies, le temps passé devant les écrans (TV/ Smartphone / Ordinateur / Tablettes) a considérablement augmenté. L’augmentation du télétravail vient depuis peu également exacerber cette tendance. Or, le clignement naturel des yeux est réduit lors d’une exposition longue devant les écrans.
- Un port de lentilles de contact inadapté, ou comme régulièrement prolongé, vient déstabiliser le film de larmes et ainsi entrainer une détérioration dans la structure de celui-ci.
- L’âge : Après 50 ans, les glandes lacrymales s’atrophient à cause des modifications hormonales ce qui réduit la quantité des larmes.
La présence de pollution atmosphérique importante ainsi que le tabagisme sont également en cause.
La présence d’une maladie auto-immune comme le syndrome de Gougerot-Sjögren, la polyarthrite rhumatoïde, le VIH ou une hépatite
Le recours régulier à des médications ayant pour effets secondaires une diminution de la sécrétion lacrymales tel que antidépresseurs ; Neuroleptiques; Antihistaminiques; certains traitements hormonaux ou anti-acnéique
La présence initiale de maladies avec atteinte inflammatoire des paupières tel que la rosacée, la dermatite séborrhéique, un psoriasis, ou des allergies oculaires chroniques vient également augmenter le risque de sécheresse oculaire
ZOOM SUR LA SECHERESSE EVAPORATIVE OU MIXTE
Atrophie des Glandes de Meibomius :
Les glandes de Meibomius, situées dans les paupières inférieures et supérieures, sont de petites glandes permettant la stabilité du film lacrymal. Elles sécrètent de l’huile appelée meibum qui constitue la partie lipidique des larmes.
La sécrétion de ces glandes est stimulée lors des clignements. L’apposition des paupières supérieure et inférieure crée une légère pression sur ces glandes ce qui va les stimuler et ainsi permettre la libération du meibum au niveau des orifices situés sur les bords libres des paupières.
Lorsque la paupière supérieure remonte, celle-ci va permettre d’étaler de manière homogène le meibum sur la surface oculaire protégeant ainsi la phase aqueuse et la cornée contre les corps étrangers.
En cas de mauvais clignements, c’est à dire, de clignements partiels ou incomplets, ou lors de clignements insuffisants, les glandes de meibomius ne sont pas stimulées suffisamment et des bouchons au niveau des orifices des glandes peuvent apparaître, diminuant ainsi la quantité de lipide sécrété.
Avec le temps, une glande régulièrement obstruée va voir sa structure se détériorer et s’atrophier progressivement pouvant amener à une disparition totale de la glande.
Les symptômes de la sécheresse oculaire
Il existe de nombreux indicateurs d’une sécheresse oculaire pouvant se manifester de manière isolé ou simultané :
- Des picotements, démangeaisons, sensations de « grains de sable » dans les yeux, sensation de brûlure
- Sensibilité accrue à la lumière ou au vent
- Difficultés à porter des lentilles de contact
- Sensation de diminution ou fluctuation de l’acuité visuelle notamment au cours de la journée ou lors d’une activité visuelle prolongée (lecture/conduite par exemple)
- Fatigue visuelle
- Larmoiements excessifs
- Rougeur oculaire
- Difficultés pour ouvrir les yeux au réveil, parfois avec les paupières collées
- Absence de larmes dans des situations particulières (émotions fortes, épluchage d’oignons, …)
- Présence récurrente de maladies des paupières (chalazion, orgelet, blépharite, Demodex…)
Pouvant se manifester de façon diverses et variées, la sécheresse oculaire constitue une pathologie chronique et évolutive qu’il est important de considérer le plus tôt possible afin d’éviter que celle-ci ne devienne handicapante au quotidien.
1- Lemp MA, Crews LA, Bron AJ, Foulks GN, Sullivan BD. Distribution of aqueous-deficient and evaporative dry eye in a clinic-based patient cohort: a retrospective study.Cornea. 2012;31(5):472-478.
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